Le reste

Por la cuarta vez

Cela fait 2, sinon 3 ans que Thaïs, à raison, me relance pour écrire le Shlaggy de Madrid. Loin de moi l’idée de vouloir post-rationaliser, mais l’attente a été salutaire. La première fois, dans un hiver post-covid ou toute toux était suspecte, la population de notre avion pour Madrid était emplie autant d’insouciance – que nous partagions, en allant dans un pays qui avait laissé ouvertes ses frontières mais non par choix – que de beauferie. Sur place, la précipitation, la fermeture d’une bonne partie des enseignes, mais surtout notre méconnaissance avaient conduit à un séjour nous laissant sur notre faim, un séjour ressenti comme trop court. Thaïs y est retournée entre temps, ce dernier voyage était donc sa quatrième ou cinquième fois. L’expérience précède la shlaggance : cette fois a été la bonne. 

C’est parti pour le Madrid Shlaggy en 2 nuits !

Se loger

Il est fort difficile, installé dans son canapé dans l’hyper-centre de Paris, de deviner où l’on se sentira bien dans la ville que l’on va visiter. Vous ouvrez Airbnb, voyez une concentration d’icônes plus fortes à un endroit, mais aucune façon de savoir si c’est parce que le quartier ainsi délimité vaut le coup, ou si simplement que l’offre y est plus forte. Vous demandez des conseils à vos amis, qui forcément vous disent que là où ils ont habité est le meilleur quartier, mais continuez de prendre ces conseils avec des pincettes, ils y étaient souvent Erasmus à l’époque.

Le mieux pour trouver un périmètre qui à la fois sera central, pas touristique et suffisamment animé est de chiner les blogs comme le Shlaggy. Ce site, https://hoodmaps.com/madrid-neighborhood-map, peut vous donner quelques indications. Loin d’être intégralement fidèle à la réalité ou capable de suivre assez vite les mutations d’une capitale dont le barycentre shlag de toutes façons se déplace chaque année, il donne de bons conseils directionnels. Ses recommandations, et l’expérience, nous ont conduit à éviter la zone estudiantine de Tribunal, et nous ranger dans un quartier peut-être plus adapté aux trentenaires que nous sommes, quelques kilomètres plus bas : les abords de Lavapiés.

Situé à 20 minutes à pieds de Tribunal, ce quartier vous évitera l’impression d’être dans une ville d’EVJF/EVG. Lavapiés est plus gentrifié et huppé que les quartiers centraux, mais a tout de même son lot de tavernes typiques et une densité de passants bien moindre. Nous avons ainsi élu domicile au métro Anton Martin.

Se restaurer

Si vous pensiez que l’art culinaire espagnol se résumait aux tapas, détrompez-vous. Logé dans des rues peu fréquentées de Chueca, un restaurant mérite toute votre attention. On sait peu du Cisne Azul – Cygne Bleu – hormis l’amour immodéré de ses secrets propriétaires pour la mycologie. Quelque chose a participé à son succès au point qu’il réside en deux adresses : un véritable restaurant sur réservation avec nappes blanches repassées et plus de serveurs que de clients, et l’adresse originelle, restée dans le style de la taverna, où nous nous sommes arrêtés. Vous attendrez peut-être quelques moments avant d’avoir une table, profitez-en pour goûter les vins sans prétention sélectionnés par l’enseigne. La carte est resserrée – toujours bon signe. Elle est en revanche difficilement compréhensible : prenez le plat découverte de champignons, premier de la liste, et un plaisir gustatif supérieur commence… Chaque bouchée de champignons, que vous coupez en quatre pour en prolonger le goût, fait renaître vos papilles. Vous qui comme moi probablement jusque vos 25 ou 30 ans vous êtes contentés de cèpes ou champignons de Paris, vous vous rendez compte à quel point, ici cuisiné, cet être vivant (distinct des animaux et végétaux), est un délice pour l’être et l’âme.

Ce guide rassemble les adresses typiques, vous l’avez bien compris. Mais vous pouvez vouloir un boost d’exotisme, en l’occurrence une overdose d’hispanité. Probablement comme dans beaucoup de pays, le marché est le bon endroit pour ça. Dans le quartier de Lavapiés, le Mercado de San Fernando grouille d’étales, de gens de tous horizons et de palabres enjouées : la vie madrilène, la vraie. Contrairement à beaucoup de mercados à Madrid, vous n’y trouverez pas de food court ou de restaurants mexicains vous indiquant que votre tartine avocado-bacon est prête via un pager noir clignotant rouge. Voyez le San Mercado davantage comme le marché de Place de fêtes que comme celui des Enfants Rouges : vous mangez votre jamón debout ou sur un strapontin, et pouvez dépenser sans compter. Tous les tapas ne s’y valent cependant pas, prenez soin de choisir ceux qui vous inspirent le plus. Pour le vin, moins de précaution à avoir, le Rioja est une valeur sûre. Comme tout marché, la fin des festivités arrive trop tôt (23 heures) et donne lieu à une lente évacuation des marchandises et des clients.

Se bronzer la fiffe

Si vous êtes venus à tant de méridiens plus au sud de Paris, c’est aussi pour bronzer, pour vous bronzer la fiffe même. Et pour cela, même si vous avez déjà pu par chance ressentir le soleil ça et là entre deux rues étroites du centre, il existe un endroit tout indiqué pour bronzer, c’est la fameuse Plaza del Sol. Malicon ! Me dit mon grand-père espagnol, qui sans avoir jamais vraiment vécu à Madrid – il vient d’Extremadure, qui est à l’Espagne ce que le Pas-de-Calais est à à la France -, me rappelle à juste titre qu’il existe la Puerta del Sol, et non la Plaza. Pourtant, notre Plaza ensoleillée, la Plaza Mayor, est un jacuzzi de luminosité. Si vous sentez que votre besoin quotidien de mélanine n’a pas été rassasié, foncez-y. Le soleil y tape jusqu’aux derniers rayons de l’hémisphère nord. Et si vous avez la chance comme moi d’être accompagné d’une astronome digne d’Eratosthène, capable de calculer à la minute près la position du soleil sans cadran ou iPhone, alors vous serez réchauffé autant par les photons de notre étoile que par la sangria qui vous y est servie à un prix totalement acceptable, pour un lieu certes un peu touristique.

S’habiller 

Madrid c’est aussi avant tout un plaisir coupable de Thaïs. La plaisir de faire peau neuve à l’aide de tuniques locales éparpillées dans toute la ville : (Esteban) Desigual, Bimbo y Lolo, et Zara pour Carlos. L’ennui peut bien sûr vous guetter lorsque la troisième culotte à 10€ est finalement rendue car le magasin d’à côté proposait un modèle très similaire à seulement 8€ après rebajas. Mais il est ponctué d’amusement face aux élans parfois frénétiques de Thaïs qui peut, une fois franchi le pas de porte de l’enseigne, emplir en un temps record ses bras d’un volume pyramidal de fringues. Et tous ces sentiments un peu moqueurs sont dissipés lorsque le soir, après les essayages en conditions réelles, son visage rayonne du bonheur d’être bonita.

Alors oui, la quinta vez à Madrid se fera en train, promis.

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